Yoann

Yoann
Dessin

Date de naissance : 08/10/1971

Biographie de Yoann

Yoann est né le 8 octobre 1971 à Alençon dans l'Orne. Il passe toute son enfance à dessiner chez lui le mercredi après-midi, ou
à observer les grenouilles au bord des ruisseaux voisins...

Après un bac arts-plastiques, il est reçu à l'école des Beaux-Arts d'Angers, ville qu'il habitera 8 ans.


C'est là qu'il rencontre Éric Omond, qui 
devient vite son scénariste favori ainsi qu'un de ses meilleurs amis. Il s'ouvre aussi sur l'art contemporain, la vidéo, la photo, la communication et cessera même la BD
durant un an et demi.

Il publiera néanmoins Phil Kaos dans la revue Deadline en Grande Bretagne ainsi que Dark Boris dans la
revue Inkling.

Le cycle des Beaux-Arts s'achève et il entre au CNBDI (Angoulême) comme objecteur de conscience durant 10 mois. Il est alors concepteur d'outils pédagogiques et
animateur de cours de BD.

Avant de quitter Angers pour Nantes, il crée l'association "La Boîte qui fait Beuh" regroupant de jeunes auteurs prometteur tels qu'Olivier Supiot, Nathalie Bodin, Boris 
Beuzelin, Olivier Martin, Lionel Marty, etc... Il réalise dans le même temps le premier 
album de Toto l'ornithorynque en 1997. 


Dès lors s'enchaînent des participations à des albums collectifs mais aussi des collaborations avec des auteurs reconnus, tels que Joann Sfar, Lewis Trondheim, Fabien Vehlmann, Vincent Ravalec ainsi que son éternel ami, Éric Omond.

Bibliographie de Yoann

Bob Marone
2 tomes
Série en cours
Toute la bibliographie

Articles et actualités

Angoulême 2010 - Jour 4 Angoulême 2010
Interviews

Yoann et Omond, la preuve par deux

  Yoann et Eric Omond sortiront, le 26 août, le troisième album de La Voleuse du père fauteuil, apportant ainsi ainsi la touche finale à cette série imaginée dans un esprit qui évoque les feuilletonistes du début du siècle dernier. Servi par un scénario truculent de Omond, Yoann se lâche graphiquement en proposant un album au charme évident. Pas de doute, ces deux-là ont des choses à se dire ! Questions de Yoann à Eric Dans La voleuse, tu as développé une forme de narration inhabituelle, peux tu nous en parler et quels en sont les enseignements que tu en as retiré ? Les dessinateurs ont une sale manie, celle de vouloir faire des belles images. résultat quand je fais plus de 8 cases par page, ils rouspètent. ça faisait un moment que je refléchissais au déficit narratif qu'avait été le lent mais certain passage du 4 bandes au trois bandes, c'est comme ça que j'en suis arrivé a mon histoire de trois cases. L'historien d'art Wolflin avait très bien décrit le phénomène de lecture linéaire de l'image, là j'ai pu m'en donner à coeur joie sur le raport temps-espace. Chaqu'un ses obsessions. Il y a plein de trucs a garder de cette expérience et je ne compte pas en rester là... La fin du troisième volume, reste une fin ouverte, quelles auraient été les perspectives d'une suite éventuelles ? Ça fait un moment que j'envisage de faire une héroïne mère de famille. J'aime bien aussi les récits de guerre. Donc cela m'aurait bien tenté de faire les deux dans le même album, genre: " pouvez vous me tenir le bébé, j'ai un char à faire exploser ?". Nous avons fait une bonne dizaine d'albums ensemble, tous genres confondus, ainsi que de multiples collaborations, souvent avec de jeunes auteurs. Envisages-tu toujours le métier de scénariste de la même manière ? J'ai toujours penser mon boulot comme une prise de risque, j'aime que cela soit précaire et casse gueule. Jusqu'à présent cela l'était surtout artistiquement, avec le durcicement éditorial cela devient une bataille de survie sociale. Plus j'avance plus je trouve ça dangereux et précaire... La couleur dans La Voleuse est un élément "acteur" à part entière, peux-tu nous parler de ta collaboration avec Hubert ? C'est vrai que je suis pas toujours facile à suivre. Mais Hubert est un garçon très sensible qui arrive à tirer quelque chose d'une indication du genre: "couleur crailleuse et lourde comme une vache morte". En plus comme la naration joue énormément sur le sens de lecture, je l'ai obligé à être très strict sur les orientations de lumière. J'avoue, je suis chiant... La série se clos à la veille de voter oui ou non à une constitution européenne, cette série reflète-t'elle tes angoisses politiques ? Au contraire, l'homme étant foncièrement mauvais, la politique et la culture sont quand même son seul salut. Dans le tome 2, j'ai repris une phrase anarchiste; "Remplaçons le politique par l'économique", aujourd'hui le discours social est complètement inversé mais le but est le même, c'est troublant. La politique nous a permis, après des sciècles de combat, de pouvoir nous considérer comme des individus. Il serait dommage que par un trop plein d'individualité nous puissions oublier le politique. Questions de Eric à Yoann Dessiner 3 cases par page (maximum), ça fait quoi ?! Je les envisage comme un espace théâtral, avec une unité de lieu, des décors un éclairage... Si la mise en scène, que tu fais, n'était pas si impeccablement réglée, ça pourrait ressembler à des illustrations mises pêle-mêle, et le résultat pourrait être catastrophique! Mais il n'en est rien, et l'expérience de narration graphique qu'est La Voleuse, est originale et fonctionne dans une optique plus "littéraire" que séquentielle. Toi qui fait de jolies couleurs tout seul comme un grand, qu'est ce que tu penses d'avoir un coloriste ? C'est très reposant de pouvoir se reposer sur quelqu'un de confiance comme Hubert qui est à la fois un plasticien/auteur, donc avec un point de vue propre sur la couleur, mais qui reste souple et ouvert à nos indications, très abstraites en ce qui te concerne, et très précises sur certains détails, pour ma part. Il a beaucoup de mérite de nous supporter! 10 ans d'amitié commune font qu'il est pour moi le collaborateur rêvé, et que je peux en toute tranquillité lui confier, dans une communauté d'esprit, mes travaux noir et blanc... Si notre héroïne, au lieu de s'appeller Arianne Liftier, s'était appellée Paris Hilton, qu'est ce que cela aurait changé pour toi ? On en aurait vendu 200.000 ex ?! Sur Toto L'Ornitho et Phil Kaos1, j'avais scénarisé sur des personnages que tu avais inventé. Ça change quoi de dessiner des personnages dont tu n'es pas le créateur ? Ça ne marche pas à tous les coups! Il faut qu'il y ait soit un lien affectif à l'enfance (par exemple Bob Marone, ou encore Spirou...), soit un univers, des personnages qui vont entrer en résonnance avec mon propre imaginaire, et c'est le cas de La Voleuse... Je me souviens que tu avais créé ce personnage pour un ami à nous, et déjà, à l'époque sans même en avoir vu d'images, il me faisait frémir! Lorsque Pierre-Henry s'est retiré du projet, et suite à notre rencontre avec Dargaud je t'ai moi-même proposé de reprendre cette série. Au vu de notre longue colaboration ( merde, déjà15 ans!!) est ce que tu me trouve vraiment sain d'ésprit ? Non : c'est pour ça qu'on travaille ensemble depuis si longtemps! 1) chez Delcourt

Interviews

Yoann et la voleuse

Pour son premier album publié chez Dargaud (La Voleuse du Père Fauteuil en compagnie d’Omond), Yoann est rentré de plain-pied dans la collection “Poisson Pilote” avec un récit savoureux disponible depuis l’été. Rencontre. Mézières Il a été mon premier prof de BD, j’étais allé le voir alors que je n’étais qu’un " gamin ". Il n’a pas hésité à démonter mon travail, je repartais démoralisé ! (Rires.) Non, en fait Mézières est très pédagogue et a une façon très constructive de souligner ce qui ne va pas et de trouver les solutions, notamment en ce qui concerne la lisibilité, chose essentielle quand on raconte une histoire. Il m’a aussi appris à " tricher " parfois sur certains cadrages quand cela est nécessaire, des trucs très utiles ! 10 ans ! Ça fait dix ans que je travaille avec Éric Omond. On s’est connus à l’époque aux Beaux-Arts d’Angers ; on commençait déjà tous les deux, sans se connaître, à faire de la bande dessinée chacun de son côté. On a discuté, beaucoup discuté même ! Expression des personnages, narration, construction d’un récit… Sur ces deux derniers points Éric m’a beaucoup apporté, il travaillait déjà sur des scénarios " expérimentaux " élaborés comme des équations mathématiques ! Sa façon très cartésienne de voir les choses m’a bien aidé. Débuts J’ai débuté dans un magazine anglais qui s’appelait Deadline où bossait Jamie Hewlett, l’auteur de Tank Girl. C’était une revue " rock et bande dessinée " qui a duré 5 ou 6 ans. Un mélange entre Les Inrockuptibles et Métal Hurlant… Leur approche expérimentale n’était pas facile et le public n’a pas suivi. Dommage, surtout qu’à ce moment je travaillais sur un personnage qui s’appelait Phil Kaos. Un éditeur français, Triskel, a décidé de regrouper ça dans un album. Puis BoDoï a publié ce personnage dans ses pages au début. J’ai ensuite travaillé pour le magazine Gotham édité par Vents d’Ouest, lequel magazine a été racheté par Le Téméraire pour devenir Golem. C’est là que nous avions commencé Ninie Rezergoude mais la revue s’est arrêtée… Comme à ce moment-là je travaillais sur Toto l’ornithorynque, Ninie Rezergoude est aussi passée dans l’escarcelle de Delcourt. C’est comme ça que nous avons sorti trois albums en très peu de temps ! Toto J’avais imaginé cet univers et ses personnages, mais au moment de passer aux choses sérieuses (Delcourt était preneur pour sa collection jeunesse), j’ai un peu paniqué… Éric s’est greffé au projet et a véritablement développé l’histoire. Toto est sans doute ma série la plus aboutie graphiquement, elle est la prolongation de mes années de Beaux-Arts et de recherche graphique (je travaille ici à l’acrylique). En même temps Toto est – je l’espère – très lisible, il ne faut pas qu’un jeune lecteur ait un écueil à la lecture, c’est essentiel, c’est aussi pour cela que la couleur participe par exemple à la narration. Mais en règle générale j’aime bien tester, expérimenter, chercher. Pour moi la bande dessinée est une aventure graphique, en ça je pense avoir une approche moins littéraire que de nouveaux auteurs (que j’adore) comme Sfar, Blain, David B., Trondheim (etc.) pour qui en général le dessin est une écriture, un outil au service d’un récit. Voleuse ! La Voleuse du Père Fauteuil, ma nouvelle série, avec Omond, toujours. Cette fois c’est lui qui est vraiment l’instigateur de la série, il avait au départ créé cet univers pour un illustrateur et cela n’avait pas abouti. Alors, quand on a réfléchi à une série pour “Poisson Pilote”, on a pensé à réutiliser ce projet qui me plaisait bien surtout que le personnage principal était une femme, c’est un élément que j’apprécie. Là aussi j’ai dû adopté un dessin en fonction de l’histoire : j’ai opté pour un graphisme à la fois réaliste et comique, il y a même un aspect caricatural voire grotesque par moments quand l’histoire le permettait. Et puis j’ai utilisé pas mal de hachures pour souligner cette époque, ce côté fin xixe siècle, tout comme le traitement graphique de l’architecture Art déco, art floral… Nous sommes entre Belphegor, Rouletabille et Fantomas, on a utilisé des clichés liés à ces univers. Par exemple la parodie du monde littéraire de l’époque m’a vraiment amusé : j’ai toujours besoin d’avoir de l’humour dans mes séries, c’est vital. Mais le côté parodique ne doit pas cacher certains thèmes plus graves ou sérieux (la politique, l’homosexualité, etc.). Le coloriste, Hubert, a apporté sa touche, ce qui n’était pas facile au départ, on a d’ailleurs tâtonné pour trouver la bonne palette d’autant que l’histoire tourne beaucoup autour d’une succession de séquences nuit/jour. A part ça ? Quand je ne dessine pas, je suis malheureux ! Sinon je m’intéresse à l’art contemporain et vais à pas mal d’expos – mais je ne fréquente pas les salons littéraires (rires) – et puis je voyage, je m’occupe de mon chien, je vois les copains… Bref j’essaie de m’occuper, sachant que l’envie de dessiner est plus forte que tout ! Éric Gauvain