Savard

Savard
Dessin . Scénario

Biographie de Savard

Né en 1950 à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), Didier Savard s'oriente d'abord vers l'enseignement et devient professeur d'anglais. Une profession qu'il exerce pendant dix ans, de 1972 à 1982.

Il débute sa carrière de dessinateur dans la presse au début des années 70. Ses premiers dessins, marqués par son engagement militant, paraissent en 1972 dans Survivre et vivre.

Au moment du coup d'État au Chili, en 1973, il publie dans Libération un feuilleton baptisé Le fabuleux destin d'Augusto Pinochet. Un "pseudo conte de fées" qui sera édité par Jean-Jacques Pauvert.

En 1974, il quitte Paris pour s'installer à Arles. Après diverses collaborations avec la presse et la publication en 1979 de Demain ça ira encore mieux, un recueil de ses dessins, il "monte" à Paris en 1982. Il rencontre Nikita Mandryka, rédacteur en chef de Charlie Mensuel, et lui propose le scénario de Dick Hérisson, très influencé par le Harry Dickson de Jean Ray. Le projet est accepté mais ne sera publié qu'en décembre 1983. L'ombre du torero, premier album de la série, sera édité par Dargaud en 1984.

Grand lecteur de BD durant sa jeunesse, amateur de Jacobs comme de Spirou, Savard est aussi influencé à ses débuts par des auteurs comme Tardi ou Floc'h et Rivière. Il apprécie leur capacité à mettre en scène des héros classiques tout en apportant "une distanciation un peu perverse".

En 1985, Les voleurs d'oreilles, deuxième enquête de Dick Hérisson, se voit décerner le Trophée 813 du Festival du Polar de Reims. L'année suivante, autre rencontre importante : celle de Jean-Claude Forest, le créateur de Barbarella. Ensemble, ils imaginent pour le magazine Okapi les aventures de Léonid Beaudragon. Le premier des trois albums publiés, Le fantôme du Mandchou-fou, reçoit l'Alfred Jeunesse au Festival d'Angoulême de 1987.

L'année suivante, à l'occasion du Festival du Polar de Grenoble, Didier Savard réalise Vae Victis, une bande dessinée menée en collaboration avec les détenus de la maison d'arrêt de Vars. Puis en 1991, il reprend les personnages de Perlin et Pinpin pour les éditions Fleurus Presse, d'après des scénarios de Sylvie Escudié.

En 1997, il écrit avec Sophie Loubière Le secret du coffre rouge, feuilleton radiophonique en cent épisodes diffusé sur France Inter. L'histoire d'une course-poursuite après un objet archéologique mythique, de la Bretagne à Venise en passant par Arles et Bruxelles. Un feuilleton qui évoque autant Indiana Jones que La conspiration des poissonniers, cinquième album de Dick Hérisson, sa principale série. Il récidive deux ans plus tard avec Le mystère de Mornefange.

La même année, il réalise pour le quotidien Le Monde une aventure parodique de Tintin intitulée Objectif Monde, dans laquelle il fait défiler certaines des scènes les plus fameuses des aventures du célèbre reporter. En octobre 2000, Didier Savard obtient le Prix RTL 9 du meilleur album d'aventures pour Le 7e cri, neuvième enquête de son héros Dick Hérisson.

Bibliographie de Savard

Dick Herisson
11 tomes
Série en cours
Dick Herisson - Intégrales
2 tomes
Série en cours
Toute la bibliographie

Articles et actualités

Interviews

Dick Hérisson a 20 ans maintenant !

  Il yavait Spiderman, il y a maintenant L'Araignée pourpre… Le personnage de Dick Hérisson vient en effet de vivre sa 11e aventure sous ce titre dont l'histoire se déroulera en deux volumes. Et vous savez quoi ? Dick Hérisson vient de fêter ses 20 ans : joyeux anniversaire ! Votre personnage vient d'avoir 20 ans : plutôt jeune, finalement ! Les héros n’ont pas d’âge et c’est profondément injuste, ceux qui les ont créés ne bénéficient pas du même privilège. Si on parlait d'autre chose ?! En revoyant vos albums, on se rend compte à quel point votre style a évolué, passant d'une quasi ligne claire à un dessin beaucoup plus chargé et réaliste. Comment expliquez-vous cette évolution ? Oui c'est curieux, en effet. D'ailleurs, quand je me vois dans la glace, je me fais la même réflexion... Si on parlait d'autre chose ? Si vous voulez. Polar fantastique sont les deux qualificatifs qui décrivent le mieux la série. Mais vous semblez prendre un vrai plaisir à jouer avec un certain régionalisme pittoresque, assez cocasse, qu'il soit provençal ou breton... Je constate que vous cherchez à m' énerver ? Mais j'aime ça (rire grinçant et cynique)... Donc vous avez dit «qrégionalisme-pittoresque assez cocasse» ?... Comme c'est cocasse. Voici précisément tout ce que je déteste (sans pour autant ne rien avoir contre les Provençaux ou les Bretons...). Passons sur le régionalisme… et parlons d’autre chose. Justement, fait inhabituel, vous débutez l'histoire ailleurs que sur le vieux continent, en Afrique du nord... C'est une première ! Je vous ferai remarquer, jeune homme, qu' en 1933/34 (époque où se situe cette histoire), la Casbah d'Alger était un territoire français. Alors on dira que l’histoire débute dans un coin de France ! Dans l'Araignée pourpre on découvre une scène «d’époque» très inquiétante, celle où défilent les Croix de feu. Etait-ce volontaire de votre part ? Pas du tout ! J'avais laissé comme chaque soir mon travail en cours sur ma table à dessin, et ceci à dessein, pour retrouver tout en place le lendemain. Or, le jour suivant, quel ne fut pas mon étonnement en découvrant ma planche, la veille à peine esquissée, couverte de graffitis d'extrême-droite ! Une lettre de menace était de plus posée en évidence sur mon bureau, m'enjoignant de mettre en scène «de vrais Héros de la France éternelle» dans mes histoires. Pour finir, l'empreinte encore chaude d'une gigantesque croix incandescente s'étalait sur toute la largeur de la porte du bureau. Bon, je parie que l'on ne va encore pas me croire, mais en fait c'est souvent ainsi, on dit «mais où va-t-il chercher tout ça ?» alors qu'à l'origine, il y a une explication très simple... Si vous pouviez me rendre les restes de la croix, à l’occasion. Vous prévoyez une seconde partie à cette histoire : cela était prévu dès le départ ? Pas du tout... De même, tenez, il y aura peut-être bien une troisième partie, ce n'est pas prévu non plus… (mais cela reste entre nous, il va de soi, il ne faudrait pas que cela vienne aux oreilles de mon Éditeur, n'est ce pas ?!...). Ce sera l’omerta, promis. Rendez-vous dans… deux ans ? Peut-être moins : figurez-vous qu'avec mes derniers droits d'auteurs (fort substantiels vous vous en doutez...) j'ai acheté un couple d'elfes de maison qui se chargent d'une partie du boulot. Pas bête… Regrettez-vous le rythme que vous offrait par exemple l'écriture radiophonique, ce côté feuilletonesque, ou le rythme de la bande dessinée vous paraît-il satisfaisant ? Il est évident que le feuilleton radiophonique avait tous les avantages : j'écrivais absolument ce qui me passait par la tête sans me soucier de ce qui allait advenir au cours des épisodes suivants... Ce travail se faisait les trois-quarts du temps dans un bistro (près de la Maison de la Radio, chez Les Ondes, allez-y de ma part !). Le metteur en scène, des acteurs et des bruiteurs se tapaient tout le boulot, et la question de savoir comment dessiner une tour Eiffel qui s'écroule sur une manif de Croix de Feu (pour prendre un exemple simple) ne se posait pas. En plus je travaillais avec une blonde... et c'était super-bien payé !... Bon, si on parlait d'autre chose ?... Vous l’aurez cherché : question idiote, vous avez peur des araignées ?! Réponse idiote : oui. Jérôme Doutendieu (Le Petit Provençal)

Interviews

Elémentaire mon cher Hérisson

Créé dans la magazine Charlie-Mensuel en 1983, Dick Hérisson évoque avec bonheur le genre policier incarné par Sherlock Holmes ou Harry Dickson. Mais, au fil des albums, Didier Savard a su développer un univers personnel, riche et séduisant. Le nouvel album, Le 7e Cri, constituant le chaînon manquant entre Les 7 Boules de cristal et Hamlet !Dick Hérisson, Harry Dickson : un quasi-anagramme. Revendiquez-vous cette filiation au genre policier, à la littérature populaire à la façon d’un Jean Ray ?Tout à fait. Ça m’évoque d’ailleurs un souvenir précis, à l’époque où j’étais prof d’anglais à Arles. Un soir d’hiver venteux, j’étais dans un petit restaurant tranquille et je lisais un épisode de Harry Dickson. C’est véritablement là qu’est né l’idée de Dick Hérisson ! Quand j’ai créé le personnage, j’ai naturellement choisi de l’installer à Arles.Dans une interview vous déclariez que Dick Hérisson n’était pas un personnage “positif”…Dick Hérisson est d’abord un personnage “prétexte”. Ce n’est pas un personnage positif ou négatif, il me sert à raconter des histoires, il en est le fil de conducteur, il est en quelque sorte transparent. En soi, Dick Hérisson est un stéréotype du détective tel qu’on l’imagine. En revanche, certains de mes personnages secondaires offrent parfois plus de consistance.Comment avez-vous été amené à coécrire le feuilleton radiophonique Le Coffre rouge diffusé sur France-Inter ?C’était une demande de la direction de l’époque qui, après avoir confié à Tardi un premier feuilleton radiophonique, m’a proposé d’en écrire un autre en compagnie de Sophie Loubière. Le responsable de l’époque était un lecteur de Dick Hérisson et m’avait notamment suggéré d’écrire quelque chose proche de l’ambiance de l’album La Conspiration des poissonniers. Ce mélange de fantastique lovecraftien, et de saga archéologique à la Indiana Jones lui plaisait bien. On a écrit une centaine d’épisodes, parfois rattrapés par le temps, mais j’en garde un très bon souvenir.Une anecdote ?Je parlais de bon souvenir mais il est pourtant arrivé un événement dramatique durant une séance d’enregistrement. Il s’agissait alors du deuxième feuilleton qui devait s’appeler La Malédiction de Mornefange. L’un des acteurs, qui prêtait sa voix, est mort d’une crise cardiaque alors qu’il jouait une séquence agitée où il devait hurler “Mort au sorcier !”… C’est suite à ça que le feuilleton a été rebaptisé Le Mystère de Mornefange !La malédiction : c’est justement un thème récurrent dans Dick Hérisson.C’est quelque chose de frappant, forcément. Je me suis toujours intéressé à ce sujet, j’avais même tenté de recenser tous les livres et films portant le mot malédiction. Un des albums de Dick Hérisson s’appelle d’ailleurs L’Opéra maudit.Dans Le 7e Cri, Dick Hérisson retrouve ses deux régions de prédilection : la Provence et la Bretagne.Je dois avouer que l’épisode breton est un peu gratuit. Mais j’adore ces ambiances bretonnes mystérieuses et puis j’avais besoin d’un lieu avec un phare pour l’une des scènes. La Bretagne s’imposait !On imaginerait bien Dick traversant le Channel pour se rendre en Angleterre, au pays de Sherlock Holmes.Sans doute, mais cela ne ferait que renforcer l’aspect stéréotype du personnage à cause de ses références très présentes dans la littérature anglaise policière. Dick Hérisson, qui est quand même un personnage en décalage avec cet univers, a besoin d’avoir sa propre identité.Le 7e Cri ne serait-il pas un album où vous réglez quelques comptes avec vos parents, à l’image de Hamlet ?Sans doute, oui… Cet album a été une bonne psychanalyse (rires). J’aurais presque la prétention d’avoir fait plus tordu que Shakespeare car les rapports entre les personnages sont pour le moins peu clairs ! Si on me demandait de résumer cet album en une phrase, au débotté, je serais bien embarrassé !Faire un album de Dick Hérisson est une entreprise douloureuse ?Faire un album comme celui-là met des choses très personnelles en jeu, qui touchent l’inconscient. On se découvre à chaque fois. C’est aussi pour ça que mes albums font appel au fantastique et ne se limitent pas à la poursuite d’une simple enquête rationnelle avec un côté parodie de roman policier. Ça va plus loin, il y a une autre dimension.Le fantastique est omniprésent.Je tiens beaucoup à cette ambiance fantastique, ou plus exactement étrange, dans laquelle baigne Dick Hérisson. Le 7e Cri traduit bien cet univers “tordu” et trouble. Aucun personnage n’est véritablement clair.Votre dessin s’apparente à la ligne claire. Pensez-vous, à l’instar d’un Tardi, avoir trouvé votre propre style ?Pour moi un style ne se limite pas au dessin, il induit aussi le ton du récit. Je ne fais pas du Jacobs ou du Tardi, ni même du Hergé. Moi c’est moi ! Ceci dit, je ne peux pas cacher mes influences, je respecte beaucoup ces auteurs et il y a des parentés. Mais je fais d’abord du “Savard”. A propos de Tardi et de nos nouveautés respectives (Le 7e Cri et La Débauche) il y a une coïncidence un peu gênante : le début de nos histoires se passent toutes deux au Jardin des Plantes. C’est un pur hasard, quand j’ai débuté Le 7e Cri, il y a deux ans, je ne pouvais pas imaginer que Pennac et Tardi prévoyaient la même chose ! Je parie qu’à tous les coups des lecteurs vont croire que c’est un empreint volontaire.La disparition de Forest, avec lequel vous avez travaillé, vous a-telle marqué ?Profondément.François Le Bescond