Stalner Eric

Stalner Eric
Dessin . Scénario

Date de naissance : 11/03/1959

Biographie de Stalner Eric

Eric Stalner naît en 1959 à Paris. Il commence sa carrière dans les années 80 avec son frère aîné Jean-Marc. Ensemble, ils illustrent de nombreuses pochettes de disques, des affiches de concert et des travaux publicitaires.

En 1988, ils décident de se tourner vers la BD. Avec le scénariste Christian Mouquet, ils réalisent en 1989, Les Poux, série en trois tomes, éditée chez Glénat.

Les deux frères réalisent également plusieurs séries en tandem dans les années 90, comme Le Fer et le Feu (4 tomes, Glénat), Malheig (4 tomes, Dargaud) ou même Fabien M. (5 tomes, Dargaud), qui reçoit en 1995 le Grand Prix du festival de la Bulle d'Or à Brignais.

D'un commun accord, ils décident finalement de se séparer pour se consacrer chacun à leur carrière respective.

En 1999, Stalner publie le premier tome de la série La Croix de Cazenac aux éditions Dargaud, en collaborant avec le scénariste Pierre Boisserie. Le dixième et dernier chapitre de cette série à succès, intitulé La Dernière Croix, paraît en 2008.

Dès lors, Éric Stalner multiplie les projets, en solo ou avec d'autres auteurs : toujours avec Boisserie, et plusieurs autres dessinateurs qui se relaient, il réalise le triptyque Voyageur, composé des cycles Futur, Présent et Passé. Publiés chez Glénat, 12 tomes paraissent entre 2007 et 2011.

Boisserie et Stalner renouvellent leur collaboration dès 2007, pour la saga Flor de luna, dont les 3 tomes sont également parus chez Glénat.

Parallèlement, il contribue, en 2000, au deuxième tome de la série Le Triangle secret, Le Jeune Homme au suaire, sur un scénario de Convard, puis en 2004, il crée le polar en deux tomes, Blues 46, en partenariat avec Laurent Moënard.

Il signe seul d'autres oeuvres : comme en 1999, la série historique Le Roman de Malemort, composée de 6 tomes, toujours chez Glénat. Il réalise également en solo La liste 66, un road-movie d'espionnage dans l'Amérique des années 60, en 5 tomes chez Dargaud et la série Ils étaient dix en 3 tomes aux éditions 12bis (parus entre 2009 et 2011). Un autre de ses projets solos est La Zone, série de science fiction et d'anticipation, dont les deux premiers tomes sont sortis en 2010 chez Glénat.

Dernièrement, il a également adapté, avec Boisserie, le roman et le film de Nicolas Vanier : Le Loup, en 2009.

Et de nouveau avec son frère Jean-Marc, il a travaillé sur l'adaptation d'un autre récit de Vanier, L'Or sous la neige, paru en 2011, aux éditions 12bis.

Père de trois enfants, d'un chien et d'un chat, il vit à Toulouse dans le Sud-Ouest.

Bibliographie de Stalner Eric

Croix de Cazenac (La)
10 tomes
Série en cours
Liste 66 (La)
5 tomes
Série en cours
Malheig - Intégrale
1 tomes
Série terminée
Fabien M. - Intégrale
1 tomes
Série terminée
Blues 46
2 tomes
Série en cours
Croix de Cazenac (La) - Intégrales
3 tomes
Série en cours
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Articles et actualités

Interviews

Boisserie & Stalner : Il était une fois Cazenac

Il était une fois Cazenac Le septième titre de La Croix de Cazenac, Les Espions du Caire, inaugure en septembre le troisième cycle de cette série d’aventure sur fond d’espionnage. Pour les lecteurs qui ne connaissent pas encore la série, une intégrale réunissant les trois premiers épisodes du premier cycle est sortie cet été, présentant notamment la série. Nous avons repris le texte d’introduction de Pierre Boisserie, coscénariste de Cazenac en compagnie d’Eric Stlaner qui est aussi le dessinateur. Les lecteurs qui viennent nous voir en dédicace nous posent souvent la même question : Pourquoi la guerre de 14-18 ? Je me suis dit que cette intégrale était l’occasion idéale pour répondre une bonne fois pour toutes à cette question et éclairer les nouveaux lecteurs. Un peu d’histoire. A la fin du siècle dernier, alors que je commençais à plonger un orteil dans le grand bain de la BD, Eric (Stalner) décidait de son côté de se lancer en solo dans un nouveau projet. Bien que nous ne sachions toujours pas pourquoi dix ans plus tard, nous avions déjà étroitement sympathisé depuis quelque temps quand il vint me demander de travailler avec lui sur un nouveau projet. Le genre de proposition qui se refuse difficilement… Nous voici donc réunis, commençant notre exploration de l’influence des liquides plus ou moins alcoolisés sur la créativité scénaristique, qui fera d’ailleurs bientôt l’objet d’une étude scientifique assez poussée (mais nous avons besoin de beaucoup de recul). Dans un premier temps, nous sommes partis sur l’idée de faire un polar urbain, dans lequel James Last, un jeune flic new-yorkais à demi indien, se découvre petit à petit un héritage chamanique, au fur et à mesure qu’il est confronté à des phénomènes paranormaux reprenant les thèmes classiques des loups-garous, des vampires, du vaudou et autres réjouissances. Bon, nous voilà partis, comme en 14, dans les impasses sordides entre les buildings à faire courir notre héros après une belle louve, sauf que… Sauf que l’ami Eric, New York, ce n’est pas son univers, ou alors revisité par Roland Emmerich, avec des ruines et des arbres morts partout. Donc lorsque nous avons présenté le projet chez Dargaud, nous n’avons pas senti un grand enthousiasme : ce n’était pas mal mais ne correspondait pas vraiment à un univers « stalnérien ». Et ils avaient raison. Nous étions quelque peu dépités, mais prêts à repartir sur autre chose. Nous nous retrouvons donc chez moi, et, ce jour-là, je revenais de visiter un très vieux monsieur qui vivait ses derniers jours, et qui m’avait fait ce jour-là un splendide cadeau. Son père avait fait Verdun, et lui avait légué un magnifique ouvrage de 1933, recueillant le témoignage de tous ceux, du plus modeste des soldats au plus gradé des officiers, qui avaient vécu cet enfer. Je retrouve donc mon Eric avec ce livre sous le bras. Il me dit : « Tiens, tu t’intéresses à la Grande Guerre, toi aussi ? » Et c’est là que j’ai eu cette réplique légendaire : « Ben oui… Pourquoi ? » Nous y voilà donc : pourquoi 14-18 ? Premièrement pour des raisons familiales qui touchent d’ailleurs toutes les familles françaises : Eric avait un arrière-grand-père, du côté allemand, et des grands-oncles, du côté français, qui sont morts au Chemin des Dames. Pour ma part, les Pierre Boisserie qui ornent les monuments aux morts de Dordogne sont légion. Explorer cette époque était donc une manière de leur rendre hommage. Ensuite pour des raisons humaines : les hommes qui ont vécu cet enfer, dont beaucoup ne sont pas revenus (10 millions d’hommes dont 1,4 million de Français), ont fait preuve d’un courage que nous aurions bien du mal à trouver de nos jours. Leurs témoignages sont bouleversants et fort dérangeants pour nos vies confortablement consuméristes. Enfin, pour des raisons politiques : la Grande Guerre est l’événement fondateur de la mondialisation et de tous les problèmes politiques qui en découlent et qui occupent encore aujourd’hui les gros titres de l’actualité. La France, La Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont pris des décisions politiques avant tout pour défendre leurs intérêts économiques bien plus que pour préserver la paix entre les peuples ; et l’Irak était déjà convoité par les grandes puissances mondiales pour son pétrole, comme nous le verrons dans le cycle du Tigre* qui débute en septembre. De quoi alimenter des scénarios en explorant la face cachée de cette guerre, où les espions ont joué un rôle primordial. Et hop ! C’était reparti pour un tour. Nous avons ressorti la bouteille de cassis et refait de la glace pilée et nous avons commencé à laisser notre imagination arpenter les tranchées du bourbier du nord de la France. Une idée s’est rapidement imposée : et si on conservait cette histoire de jeune chaman qui s’ignore et que les événements vont révéler ? Un chaman dans les tranchées ? Après tout, pourquoi pas ? Le personnage de Brad Pitt dans Légendes d’automne a fini de nous convaincre que c’était une bonne idée. Ajoutez à cela une dose d’espionnage, des histoires de famille, une quête initiatique, du vin de Cahors, alors servi à la cour des tsars, et le reste est venu tout seul… D’autant plus qu’à l’époque, j’avais déjà sous le coude le scénario d’Eastern, qui raconte les tribulations d’un jeune Français en 1825 dans son périple depuis sa Bretagne jusqu’en Sibérie, à la poursuite d’un fabuleux trésor caché au cœur de la cité de Baba Yaga. L’histoire plaisait bien à Eric, mais il préférait travailler sur un scénario venant de nous deux. Nous avons alors commencé à consciencieusement piller le scénario d’Eastern pour alimenter celui de Cazenac en imaginant des liens entre les personnages de nos différentes séries. Lorsqu’au début de l’histoire que vous allez lire, le jeune Etienne parle du premier des Cazenac, enterré sous la grande Croix du domaine familial, c’est de Guillaume, le héros d’Eastern**, qu’il s’agit. Il restait à trouver un titre pour cette histoire. Eric habitant Cahors, et moi-même étant originaire du Sud-Ouest, nous voulions un nom qui sente bon la vigne et le confit de canard. J’ai donc pris ma carte de Dordogne et exploré tous les noms qui me semblaient bien sonner, pour finalement m’arrêter sur Cazenac, petit village surplombant le château de Beynac, l’un des plus connus de la vallée de la Dordogne. La Croix de Cazenac… Aucun doute possible, nous avions trouvé le nom générique ! Voilà maintenant sept ans que nous nous occupons de la destinée de cette famille hors du commun. Nous nous sommes depuis attachés à chacun d’eux en espérant qu’ils nous pardonnent toutes les péripéties que nous leur faisons vivre. Et ce n’est pas fini ! Les aventures de Guillaume, le premier des Cazenac, ne font que commencer, et, qui sait, peut-être un jour lirez-vous celles du dernier des Cazenac. Et dernier, en anglais, se dit « last », comme James Last… Pierre Boisserie *Cycle du Tigre (Les Espions du Caire) ; ** Eastern, un tome disponible, Le Départ, chez Dargaud (dessin de Héloret).

Interviews

E. Stalner : "Je suis assez classique comme garçon !"

Une saga familiale à la rentrée. Voilà ce que nous proposent Éric Stalner et Pierre Boisserie avec La Croix de Cazenac (Dargaud). Une nouvelle histoire de famille dans tous les sens du terme puisque Éric réalise cette série sans Jean-Marc, son frère, avec lequel il poursuit toutefois Le Fer et le Feu chez Glénat. En attendant plusieurs autres surprises…En racontant l’histoire de cette famille, aviez-vous en tête d’autres sagas familiales comme Les Maîtres de l’orge ?Non, pas précisément. Le point de départ pour Pierre (Boisserie, le coscénariste) et moi, c’était 14-18. On voulait simplement raconter une histoire à travers la guerre. Tardi l’a suffisamment bien montré. Ce serait audacieux de chercher à faire mieux. La toile de fond c’est cette période dure, tranchante, sans pitié, et ce sont trois hommes, un père et deux fils avec un secret, un héritage et aussi un travail : espion de père en fils depuis Napoléon Ier. Alors c’est sûr, c’est une histoire familiale. Le Fer et le Feu aussi.Les Cazenac sont plongés en pleine guerre et, comme d’autres, ils lui paient un lourd tribut. Mais n’est-ce pas pour autant une histoire de manipulation plutôt qu’un récit de guerre ?14-18, c’est un grand bouleversement. L’horreur qui s’abat comme la peste et qui dévaste toute la jeunesse européenne. Nous ne sommes pas historiens, des centaines de bouquins ont été écrits sur le sujet. Ce qui nous intéresse dans La Croix de Cazenac ce sont les rapports humains et aussi le mystère qui traverse toute cette histoire et qui fini par prendre plus d’importance pour les protagonistes que la guerre elle-même. C’est effectivement une histoire de manipulation, d’espionnage, mais aussi une histoire d’amour entre des personnages vivants et d’autres disparus depuis longtemps.A la lecture de ce premier album, on découvre que le "candide" de la famille aura un rôle déterminant, se découvrant un tempérament insoupçonné…C’est vrai, au début Étienne, jeune séminariste a sa voie toute tracée. Il a des vérités toutes faites, des certitudes comme on peut en avoir à son âge et dans sa condition. Et puis tout bascule et il se rend compte que la vie, ou plutôt sa vie, c’est autre chose.Comme le laisse entendre la couverture, le personnage féminin (Louise) a un rôle clé dans cette histoire.Je n’en ai pas encore parlé, mais c’est exact. Comme souvent la femme agit comme un révélateur, comme un élément déterminant dans une histoire. Dans Cazenac, elle n’est pas, à proprement parler, l’héroïne, mais sans elle, rien n’est possible. En plus, c’est un personnage double, ambigu dans ses relations amoureuses comme dans son engagement. L’image de Mata Hari n’est pas si éloignée !Vous faites référence à l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand dans les Balkans, point de départ du premier conflit mondial et de votre histoire. Comment avez-vous réagi en voyant les récents événements tragiques survenus dans les Balkans ?J’ai réagi comme beaucoup de gens. Un sentiment mélangé de tristesse, de crainte et d’incompréhension. On entend beaucoup en ce moment à la radio (un dessinateur de BD vit beaucoup avec la radio !) des gens sentencieux qui ont tout compris et qui nous expliquent tout sur tout. Moi, je ne sais pas, je suis partagé. La seule chose que je vois, ce sont des gens qui souffrent. Il doit bien y avoir une sacrée dose de violence profondément enfouie dans la nature humaine.Combien de volumes prévoyez-vous ?L’histoire se conclut avec le troisième volume. Mais nous avons envie de continuer avec les personnages sur d’autres aventures. Nous avons en tête plein de rebondissements possibles et, comme nous sommes déjà vraiment attachés au climat, au style de Cazenac, cela durera peut-être (sûrement) un peu.Un mot sur Pierre Boisserie avec qui vous avez écrit La Croix de Cazenac ?C’est une rencontre. Nous nous connaissons depuis peu et, même si nous sommes très différents de tempérament, nous partageons plein d’idées. Nous nous sommes rencontrés sur un festival (il co-organise le festival de Buc près de Versailles début octobre) et nous avons rapidement sympathisé. L’idée de travailler avec lui s’est imposée à moi petit à petit. Il me montrait des scénarios qu’il avait écrits et je les trouvais toujours intéressants. Un jour, nous avons décidé de faire quelque chose ensemble et voilà ! Nos différences s’accordent bien, je crois.Vous avez attaché beaucoup d’importance à une autre facette de l'album : la couleur signée Isabelle Merlet…Ahhh, la couleur ! C’est un souci, je suis bien placé pour en parler. C’est vraiment délicat, difficile même. Le métier de coloriste est peu reconnu, je trouve, alors que cela prend de plus en plus d’importance. Les lecteurs sont plus exigeants qu’avant sur la qualité d’un album, au niveau de l’histoire, du dessin, mais aussi de la couleur. Une mauvaise couleur peut tuer une histoire, j’en sais quelque chose. À mon avis, les coloristes sont des auteurs à part entière et ils devraient être reconnus comme tels. Ils apportent une part importante dans la réussite d’une BD. Je parle principalement des histoires réalistes dans lesquelles faire passer l’émotion, la vie, les sentiments est une vraie difficulté. Le choix des couleurs comme la technique doivent être impeccables. Isabelle a fait un travail vraiment formidable sur Cazenac. Elle est exigeante et elle a raison. Pour moi, dans cette série, nous sommes trois : Pierre, Isabelle et moi. Je trouveraiss normal que son nom figure sur la couverture de l’album.Une autre histoire de frères, la vôtre, Jean-Marc, partant vers d’autres aventures…Oui, c’est une bonne chose, je crois. Nous avons travaillé dix années ensemble et maintenant, nous avons des envies un peu différentes. Cela me donne un peu le sentiment d’être toujours un auteur débutant. Mais nous continuons toujours ensemble Le Fer et le Feu. Cette série s’inscrit, tout comme Fabien M, dans un registre dit d’aventure réaliste. Acceptez-vous cette étiquette d’auteur "classique" ou cela vous semble-t-il sans signification ?A quarante ans, j’ai un peu fait le tour de moi-même, je connais les bons et les mauvais côtés du bonhomme. On peut dire que je suis assez classique comme garçon ! Dans le dessin, je dois l’être aussi, même si, parfois, j’ai des envies un peu différentes. Au niveau de mes goûts, je suis assez éclectique. Cela dit, les classifications sont faites pour être bousculées et les étiquettes pour être changées.Quelques mots sur vos prochains projets ?Dargaud publiera dans les mois qui viennent une nouvelle série que j’ai, là encore, coécrite avec Pierre Boisserie, mais qui sera dessinée par un nouveau prodige du dessin qui vient de l’animation. Ce sera un western fantastique qui devrait paraître sous le nom de Julius B. J’ai aussi un projet – plus qu’un projet – chez Glénat : le Roman de Malemort. Je fais le scénario et le dessin tout seul, et Jean-Jacques Chagnaud est le coauteur coloriste. Lui aussi fait un formidable boulot : comme dans Le Fer et le Feu ! Mieux même peut-être car l’histoire permet plus de liberté. J’ai d’ailleurs moi aussi pris beaucoup de plaisir à la faire. Plaisir. Voilà, plaisir, c’est le mot de la fin, je crois que c’est celui qu’on doit retenir.F.L.B.