Le Mag


François Corteggiani

 

Interviews

Pourquoi avez-vous choisi Michel Blanc-Dumont pour succéder à Colin Wilson ?Depuis longtemps nous parlions d'une éventuelle collaboration. Il est pour moi l'un des plus grands dessinateurs réalistes de notre métier. Lorsqu'il a été évident que Colin Wilson regagnait les antipodes et laissait tomber la série, je me suis tout naturellement tourné vers lui. Mais il a fallu tout de même un an pour le convaincre, le bougre !Cette nouvelle collaboration a changé votre manière de travailler ?Pas dans ma manière propre d'aborder la série ni dans ma façon de raconter. Mais je me sens plus proche de Michel dans la collaboration. Nous sommes vraiment deux au service du même personnage. On forme une équipe, ce qui n'était pas le cas avec Colin.Envisagez-vous de faire de cette série une "vraie" jeunesse, avec une volonté biographique ?A mon sens, La Jeunesse s'est toujours inscrite dans une démarche biographique avec l'intervention dans la série de certains personnages en amont et en aval. Mais il y a parfois tellement de fils qu'il est délicat d'en faire une pelote. Cependant, je ne pense pas non plus qu'il faille tomber dans le piège de trop souvent vouloir rappeler certains événements. Le lecteur finirait par s'y perdre.Envisagez-vous de raconter l'enfance de ce personnage ?J'aimerais partir sur les traces de sa mère telles que les avait imaginées Charlier. Dans la préface de Balade pour un cercueil, il a vraiment balisé la piste. Ce texte est une mine d'idées pour imaginer des aventures à Blueberry. Nous en avons déjà discuté avec Michel et cela doit être intéressant de situer un ou deux épisodes en Louisiane. Mike partant bien malgré lui, d'une certaine façon, à la recherche de son enfance. Pour le côté fort, il ne faut pas oublier que Blueberry, jeune ou pas, est avant tout un héros… Mais, vu son jeune âge, nous avons décidé de le plonger un peu plus dans l'enfer du doute et de l'inexpérience.En reprenant cette série, vous avez eu conscience de l'enjeu : quel était votre état d'esprit ?Je voulais être à la hauteur bien entendu… sans écouter la cacophonie des corbeaux qui piaillent au-dessus de vous en vol serré. Depuis j'ai entendu tellement de conneries que je crois être blindé. Je voudrais simplement qu'on se rende compte que je travaille avec passion et dans le respect d'un homme que j'admire énormément. J'avais la plus grande affection pour lui.Cela n'empêche pas la critique… Comment, vous, jugez-vous votre travail ?Mon travail… comment je le juge ?… C'est peut-être le terme "juger" que je n'aime pas, les censeurs ne font jamais avancer les choses. Pour en revenir à la question, je dirais que je trouve mon travail honnête et bien entendu perfectible_ Ce à quoi je m'emploie à chaque nouvelle planche de scénario, vous pouvez me croire.Cette nouvelle jeunesse pour La Jeunesse augure-t-elle une parution plus régulière ?Je le pense… et Michel aussi. Nous nous entendons très bien et nous sommes partis en accord avec notre éditeur sur un album par an. Cela me semble être un rythme idéal.Vous disiez tout à l'heure que Balade pour un cercueil était une mine d'idées. Envisagez-vous, puisque la piste y est lancée, d'écrire un jour la vieillesse de Blueberry ?Il y a quelques années de ça, quand j'ai terminé le Raid infernal après la tragique absence de Jean-Michel, Jean Giraud m'avait demandé si ça m'intéressait de faire justement la vieillesse de Blueberry. Il le voyait très âgé, bourré d'expérience, vivant à Chicago et conseiller occulte d'Eliot Ness pendant sa lutte contre Al Capone. Je baigne dans cet univers avec la série De silence et de sang et j'avais trouvé l'idée amusante. Mais ce vieux Mike, âgé de 70 ou 80 ans, n'aurait plus tellement été actif. La vieillesse de Blueberry fut donc une vérité le temps d'une conversation. Mais qui sait ? Peut-être qu'un jour, Jean le fera. Pourquoi pas après tout ?CF & BPY

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